Guerre des talents: « Si la culture d’entreprise n’est pas appliquée, envoyer les meilleurs ambassadeurs aux salons de l’emploi ne sert à rien »

portrait de Constanze Haibach

Recruter une relève qualifiée n’est pas chose facile. Un terme a même été trouvé pour souligner la difficulté du processus: la « guerre des talents ». Comment l’entreprise de haute technologie Sensirion, sise à Stäfa, a-t-elle réussi à pourvoir les postes difficiles et à quel point est-il important de communiquer sa culture d’entreprise lors de salons de l’emploi? Constanze Haibach, Senior Employer Branding and Recruiting chez Sensirion, nous répond.

La « guerre des talents » fait rage et Sensirion est une entreprise technologique qui cherche des candidats hautement qualifiés pour des postes comme physicien ou data scientist. A quel point est-ce difficile de pourvoir de tels postes?

Ce n’est pas si difficile que cela. En effet, nous cherchons plus de jeunes diplômés que de professionnels, car nous recrutons ces derniers directement à l’interne. Pour embaucher ces jeunes diplômés, nous comptons principalement sur nos contacts avec les hautes écoles et sur les salons de l’emploi. Cependant, nous sommes bien conscients que nous devons nous démarquer de la concurrence pour pouvoir recruter ces talents.

Comment se déroule précisément le recrutement de professionnels à l’interne?

Qu’ils aient un Master, un doctorat ou un Bachelor, tous nos collaborateurs commencent à un poste de Junior, comme développeur Junior, Junior Key Account Manager ou Junior Process Engineer. Les « Juniors » reçoivent une formation interne rapide et rigoureuse et peuvent acquérir toujours plus de nouvelles compétences, ce qui leur permet de délaisser leur titre de « Junior ». L’étape suivante serait le développement vers un poste de spécialiste, c’est-à-dire un titre de « Senior » ou « Principal ». Cela est aussi possible pour les Juniors qui ont l’étoffe de managers. Ce dernier ou cette dernière peut dès lors prendre cette responsabilité après un ou deux ans ou même devenir chef(fe) de secteur par la suite. Par exemple, Marc von Waldkirch a commencé en tant que développeur chez Sensirion. A présent, il est CEO.

Pour nous, il est très important qu’un collaborateur de l’entreprise soit présent aux salons de l’emploi.

CONSTANZE HAIBACH, SENIOR MANAGER EMPLOYER BRANDING & RECRUITING, SENSIRION

Pour trouver des talents, Sensirion est très présente aux salons de l’emploi pour sa marque employeur et son recrutement. Et cela semble efficace. A quoi faut-il veiller aux salons de l’emploi?

Pour nous, il est très important qu’un collaborateur de l’entreprise soit présent aux salons de l’emploi. En effet, il sera plus à même d’expliquer comment fonctionne Sensirion au quotidien, etc. Nous, les responsables du recrutement, pouvons expliquer ce que cela signifie de travailler chez Sensirion ou, si nous participons à un salon en Autriche ou en Allemagne, comment cela fonctionne avec les permis de séjour.

Il faut donc « uniquement » envoyer les personnes capables de donner des renseignements de façon professionnelle?

A mon avis, le plus important est de communiquer la culture d’entreprise de façon correcte. Pour cela, il faut bien sûr trouver les bonnes personnes, capables de transmettre les valeurs de l’entreprise. En effet, on peut beaucoup parler lors d’un tel évènement, mais, si la culture d’entreprise n’est pas appliquée, les meilleurs ambassadeurs ne serviront à rien. A titre d’exemple, nous pouvons citer notre culture positive de l’erreur, que nous appliquons au quotidien. Beaucoup d’entreprises vantent une telle culture haut et fort, mais ne l’appliquent pas forcément. Ce n’est pas notre cas car nos collaborateurs peuvent partager leurs expériences à ce sujet lors des salons de l’emploi, en racontant directement comment ils ont appris de leurs erreurs et en ont tiré des idées novatrices. Cette authenticité fait toujours bonne impression, comme nous le prouve la réaction des visiteurs.

Vous participez aux salons de l’emploi aussi bien en Suisse qu’en Autriche ou en Allemagne. Avez-vous remarqué des différences?

Pour nous, les salons de l’emploi sont un moyen de nous faire connaître et de renforcer notre marque employeur, tout en gardant un œil sur la concurrence. Cependant, nous n’avons pas remarqué de différences fondamentales entre les pays. C’est d’ailleurs pourquoi nous avons exactement le même stand à tous les salons, quel que soit le pays dans lequel il a lieu.

Au premier abord, ils pensaient recevoir du chocolat. Ils étaient donc d’autant plus surpris et contents en ouvrant la boîte.

CONSTANZE HAIBACH, SENIOR MANAGER EMPLOYER BRANDING & RECRUITING, SENSIRION

Qu’est-ce qui fonctionne particulièrement bien lors d’un salon de l’emploi?

Comme je l’ai déjà dit, nous cherchons à nous démarquer. Pour cela, nous offrons depuis des années déjà notre « Humi-Gadget », un capteur de température et d’humidité monté sur une platine avec connexion bluetooth au smartphone. A l’EPFZ, ce gadget est devenu culte. Lorsque nous avons distribué ces objets à Munich ou à Vienne pour la première fois, les visiteurs étaient très impressionnés! Au premier abord, ils pensaient recevoir du chocolat. Ils étaient donc d’autant plus surpris et contents en ouvrant la boîte. Ce cadeau leur restera en mémoire et constitue pour nous un bon moyen d’être reconnus.

Pour cela, il faut déjà attirer les visiteurs à votre stand. Comment vous y prenez-vous?

Ce qui nous a frappé, c’est que les visiteurs veulent essayer des choses ou « jouer » avec. C’est pourquoi nous emmenons des démonstrateurs pour laisser libre cours à la curiosité et à l’envie de jouer des visiteurs. Par exemple, ils peuvent découvrir comment l’un de nos capteurs d’humidité empêche les vitres d’une voiture de s’embuer ou comment un appareil respiratoire contrôle l’inspiration et l’expiration d’un patient.

Attention toutefois à ne pas perdre de vue cette idée de base, au risque d’hériter d’une réputation d’entreprise de fêtards.

CONSTANZE HAIBACH, SENIOR MANAGER EMPLOYER BRANDING & RECRUITING, SENSIRION

Tout cela a l’air d’être très amusant! Quelles sont les difficultés liées aux salons de l’emploi ou à la communication de la culture d’entreprise?

Les salons de l’emploi ne présentent aucune difficulté pour nous, ils se déroulent toujours avec succès. Cependant, il arrive parfois que des malentendus interviennent concernant notre culture d’entreprise. Il peut être difficile de trouver le juste équilibre entre responsabilité et amusement. Chez Sensirion, nous buvons chaque vendredi à cinq heures moins quart une bière dans notre bar au dernier étage, notre Skybar. Plutôt populaire, ce petit évènement est bien connu des étudiants. L’idée de base était d’effacer les frontières entre départements et de laisser ainsi la possibilité de développer de nouvelles idées, le tout dans une atmosphère détendue. Il faut toutefois faire attention à ne pas perdre de vue cette idée de base, au risque d’hériter d’une réputation d’entreprise de fêtards. Il faut donc être un peu habile pour trouver le juste équilibre entre culture d’entreprise décontractée et professionnalisme.

Culture, gadgets, bière… cela suffit-il à attirer les talents de la nouvelle génération?

Nous remarquons que l’équilibre vie privée-vie professionnelle est particulièrement important pour les candidats de 23 ans. Par exemple, ils disent : « Quatre jours de travail par semaine suffisent. » C’est pourquoi nous essayons de répondre à ces attentes aussi bien que possible. On le retrouve dans nos chiffres: chez nous, un collaborateur sur trois travaille à temps partiel, dans les secteurs où le temps partiel est possible. Par ailleurs, les jeunes générations ne souhaitent plus avoir des supérieurs traditionnels, mais des personnes faisant office d’exemples. C’est-à-dire quelqu’un qui ne se contente pas de donner des ordres, mais qui sait également démontrer ses propres compétences. Pour cela, nous menons régulièrement des formations internes pour familiariser les managers avec la façon de penser de la génération Y.

« Hey! Je travaille pour le deuxième meilleur employeur de Suisse » – voilà ce qui rend fier un collaborateur.

CONSTANZE HAIBACH, SENIOR MANAGER EMPLOYER BRANDING & RECRUITING, SENSIRION

En parlant d’acquisition de talents: Sensirion occupe la deuxième place du classement Great Place to Work 2017 (GPTW). Est-ce que ces prix et distinctions aident pour le recrutement?

Ce qui est très intéressant, c’est que cette distinction a particulièrement plu à nos collaborateurs. C’est plutôt compréhensible d’ailleurs. C’est toujours bien de pouvoir dire: « Hey ! Je travaille pour le deuxième meilleur employeur de Suisse. “ Voilà ce qui rend un collaborateur fier. Ainsi, de façon très surprenante, les collaborateurs sont devenus des ambassadeurs, représentant notre culture d’entreprise à l’extérieur. Je trouve cela remarquable et très important pour notre recrutement. Donc oui, ce prix a fortement contribué à notre acquisition de talents.

portrait Constanze Haibach

Constanze Haibach travaille depuis plus de sept ans chez Sensirion, où elle s’occupe principalement de la marque employeur et du recrutement. Elle a commencé sa carrière dans la biologie moléculaire, puis dans le consulting, avant de se tourner vers le recrutement et la marque employeur.

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