« Le job sharing, c’est super tant que ce n’est pas dans notre entreprise. » Voilà ce que dit l’économie sur ce modèle de travail. Cependant, nous ne nous satisfaisons pas de cette tendance dominante, c’est pourquoi nous avons assisté au deuxième colloque « Job & Top sharing » à Bâle. Outre le débat sur la durabilité du job sharing (ou partage d’emploi), plusieurs panels étaient proposés, durant lesquels les avantages de ce modèle de travail ont été soulignés sur la base d’études de cas. Voici ce que l’on en a retenu :
La gestion des talents dans un cadre international
Environ 200 participants originaires de douze pays se sont réunis sur le campus Novartis à Bâle pour échanger sur le thème du job sharing et du top sharing. Si le partage d’emploi n’est pas un concept nouveau (il était déjà mentionné dans la littérature américaine des années 1970), ce modèle de travail ne s’est toujours pas complètement installé, il fait face à de nombreux défis et il est aux prises avec de nombreux préjugés. Ainsi, Adèle Thorens, qui a exercé son métier de co-présidente des Verts entre 2012 et 2016 en job sharing, a souvent été confrontée à la question « Laquelle de vous deux est vraiment la présidente ? ». Cette expérience lui a appris que le partage d’emploi nécessite beaucoup de coordination et une communication efficace, afin de convaincre les autres du bon fonctionnement de ce type de direction.
Sylvie Durrer, directrice du Bureau fédéral de l’égalité entre hommes et femmes, a démontré que le job sharing est bien un modèle de travail durable, qui encourage l’égalité des sexes et qui fonctionne pour toutes les générations : « Le job sharing doit toujours être facultatif et ne devrait pas constituer la seule solution pour allier vie privée/famille et travail. » Par ailleurs, la présentation de Claudio Felten, Managing Director chez CMX Consulting, était particulièrement intéressante. Selon lui, le partage d’emploi sera un incontournable à l’avenir. Il s’est fondé principalement sur le top sharing, qui consiste à partager un poste de manager. La réussite de ce modèle de travail nécessite toutefois certaines règles : « Soyez transparents, lâchez du lest et ouvrez-vous. » Selon Claudio Felten, le job sharing atteint quelques fois ses limites à cause du manque d’infrastructure. Par exemple, dans les cas où les outils RH n’autorisent pas l’entrée du nom de deux personnes pour un poste de chef.
Ressource humaine : le job sharing à travers le monde
Les participantes à la table ronde sur « Le job sharing à travers le monde » ont montré qu’un fort potentiel réside dans le partage d’emploi. Elles se sont accordées à dire que le désir de travailler à temps partiel est significatif dans de nombreux domaines et que le job sharing pourrait répondre à ce besoin. Cependant, ce modèle de travail flexible doit encore s’installer.
L’après-midi, plusieurs partenaires travaillant en job sharing dans des entreprises telles que Swisscom ou la Mobilière ont partagé leur expérience au cours de deux panels et ont montré que le partage d’emploi constitue une véritable alternative aux modèles de travail en vigueur dans les entreprises et qu’il fonctionne vraiment. La confiance mutuelle, la flexibilité et la communication transparente entre les partenaires de job sharing, ainsi qu’un esprit ouvert de la part de l’équipe et le soutien de la part des supérieurs, sont cinq critères indispensables au fonctionnement de ce modèle. Malgré tout, les entreprises proposant le job sharing sont en minorité et les PME font face à des obstacles dans l’introduction de ce modèle. Le risque que le job sharing peut présenter, c’est la démission de l’un des deux partenaires.
Au terme du colloque, trois couples de job sharing ont été récompensés pour leur réussite. Les gagnants ont montré que le partage d’emploi fonctionne, mais qu’il demande discipline et confiance. Manuela Vollmann a reçu le premier prix avec sa partenaire, Daniela Schallert. Depuis 2007, elles partagent la direction d’abz Austria : « Notre expérience nous a appris que le pouvoir partagé garantit la qualité, la transparence et la durabilité des décisions. Et tout cela assure une bonne qualité de vie à tous les niveaux », a expliqué Manuela Vollmann.
Nous remercions notre partenaire de réseautage Go for Jobsharing et Irenka Krone-Germann pour sa collaboration. Nous nous ferons un plaisir d’informer nos lecteurs des futurs événements sur le sujet du job sharing et des nouveaux modèles de travail.