Julie Martin et l’ultime sortie de secours

Découvrez régulièrement sur notre blog des articles écrits par des spécialistes et experts du monde des Ressources Humaines. Nous avons à coeur de donner à ces auteurs une totale liberté totale tant sur le choix des sujets que sur l’angle d’analyse. Découvrez ci-dessous l’article rédigé par Christoph Jordi, fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise. 

 

Après avoir vécu une crise courte mais intense à cause de Tobias, le prédécesseur angélique, Julie est de nouveau heureuse et satisfaite de son train-train quotidien chez Bentex. Elle a l’impression d’avoir toujours travaillé là et elle se sent bien. Mais la journée qui s’annonce n’est pas un jour de travail ordinaire.

Doris Dinkel August 2016

Comme chaque matin depuis trois mois, Julie arrive au département des finances à 7h45. Elle et Sonia sont habituellement les premières arrivées, quand cette dernière n’est pas en rendez-vous à l’extérieur. Mais ce matin, Romain, Patrick, Sonia et même Alina de la direction y sont déjà installés. Dans un premier temps, Julie pense qu’elle a oublié de passer à l’heure d’été. Puis, elle aperçoit le petit bouquet de fleurs colorées sur son bureau. Elle pense alors avoir donné une fausse date de naissance par inadvertance, ce qui justifierait cette mise en scène. Elle s’approche du groupe, avec beaucoup de joie et un peu d’incertitude car elle n’a aucune idée de ce qu’il faut fêter. Alina, la directrice du département des finances, salue Julie en premier, en lui faisant la bise. « Bienvenue Julie. Ta période d’essai s’achève dans une semaine. Dès lundi, tu seras donc officiellement une Bentexienne pure souche. On est vraiment contents que tu fasses maintenant partie intégrante de l’entreprise ! » annonce joyeusement Alina. Julie est complètement ahurie. Elle n’a même pas vu passer les trois mois. Et jamais elle n’aurait pensé que Bentex en ferait une aussi grosse affaire. Alors que chacun félicite Julie, Alina demande à tout le monde de se libérer pour midi car un dîner est prévu en l’honneur de Julie et de son admission officielle dans l’équipe. C’est vraiment incroyable, pense Julie. Son ancien employeur avait à peine mentionné la fin de la période d’essai. Là, c’est tout bonnement une fête populaire. Elle est heureuse, mais également un peu surprise. Qu’en serait-il si elle avait décidé de ne finalement pas travailler pour Bentex ? Aurait-elle dû regarder leurs mines joyeuses et sympathiques et leur dire « Merci, mais non merci ! » ? Impossible.

Une fois que tout le monde s’est remis au travail, Julie chuchote à Sonia : « Hey, c’était un super accueil ! C’est toujours comme ça chez vous ? » Sonia acquiesce. « En fait, oui. Je sais que tout n’est pas parfait chez nous. Mais lorsqu’un nouveau collaborateur décide de rester chez nous, on est contents et on le montre. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas si tous les départements font la même chose. Ce dîner de fin de période d’essai, c’est l’idée d’Alina. » Julie sourit et tente de se remettre au travail. Mais au lieu de cela, elle commence à se faire du souci. A-t-elle réellement décidé de rester chez Bentex ? C’est très gentil de la part d’Alina d’organiser tout cela, mais elle aurait préféré un entretien entre quatre yeux, pendant lequel on lui aurait donné un retour sur son travail durant ces derniers mois et où elle aurait eu, elle aussi, la possibilité de donner son avis.

A midi précis, Alina entre dans le département des finances pour rassembler l’effectif. Le groupe se rend ensemble dans un restaurant huppé du centre-ville à un quart d’heure de marche à peine de Bentex. « Waouh ! », pense Julie. « Bentex ne rate vraiment aucune occasion de manifester l’estime qu’elle porte à ses collaborateurs. » Elle repense à la sortie d’entreprise, à l’accueil sophistiqué qu’on lui a réservé avant même qu’elle ne soit engagée, au bouquet de fleurs avec la proposition d’emploi. Evidemment, tout n’est pas parfait, mais quelle entreprise peut se targuer d’être parfaite ? Alina a réservé une jolie table près de la fenêtre. Julie se rend soudain compte que jamais encore les collaborateurs du département des finances n’ont fait quelque chose entre eux. Et elle réalise qu’elle aime cette équipe. Ils sont toujours en train de rire, ce qui n’est pas étonnant avec Romain. En repensant à ses premières semaines de travail, à sa petite crise émotionnelle liée à Tobias, elle remarque qu’à présent, elle s’est bien intégrée dans l’Enfer des chiffres.

En quittant le restaurant, Alina rejoint Sonia et Julie. « Est-ce que vous auriez un moment ces prochains jours pour un entretien toutes les deux ? Après tout, on doit encore te demander, Julie, comment tu te sens chez nous et si tu veux rester ici. » Cette fois, la journée est vraiment parfaite. « Le repas de fin de période d’essai était super et l’entretien que j’espérais a lieu cette après-midi. Cette fois, je suis prête, je renonce à prendre la dernière sortie de secours », conclut Julie, avant de fixer rendez-vous avec ses supérieures pour l’après-midi même.

La fin de la période d’essai représente la dernière occasion pour l’employeur comme pour l’employé de confirmer ou d’infirmer son engagement. Après quoi, la période de préavis est plus longue et le nouveau collaborateur fait partie intégrante de l’entreprise. Aucune phase de formation interne ne se déroule sans encombre, mais si le nouvel employé décide quand même de rester, c’est une raison suffisante de lui manifester de l’estime. Souvent, la fin de la période d’essai passe inaperçue car le nouveau collaborateur n’est plus vraiment « nouveau », mais travaille déjà dans l’entreprise depuis quelques mois. « Manifester son estime » ne passe donc pas forcément par un dîner. Pour Julie, il était plus important que ses supérieurs prennent du temps pour un entretien approfondi sur ses premiers mois de travail. Ainsi, les deux parties peuvent faire part de leur volonté de continuer. Cependant, il ne va pas toujours de soi que l’employé accepte.

Christoph Jordi est fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique mensuelle « Doris Dinkel ». DoD!fferent propose des conseils stratégiques et met l’accent sur la marque employeur. Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise où il s’occupe de la formation Cert. Employer Branding.

 

Christoph Jordi

Christoph Jordi est fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». DoD!fferent propose des conseils stratégiques et met l’accent sur la marque employeur. Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise, où il s’occupe de la formation Cert. Employer Branding.

 

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