Il n’y a pas longtemps, il a fêté son 50e anniversaire avec sa famille et ses collègues de travail. L’avenir semblait prometteur : non seulement il était chef de service dans un groupe renommé, avec un bon réseau, et apprécié en tant que supérieur, mais ses enfants étaient également sur le bon chemin dans leurs formations professionnelles. Puis vint le jour où il fut convoqué à un entretien. On lui annonça que le siège de la société allait être déplacé et que son département serait réorganisé. Malheureusement, il n’y aurait plus de poste pour lui dans la nouvelle structure. Alors, au regret de son employeur, il fut licencié.
Il s’agit toujours d’un choc lorsque votre univers « stable » s’écroule autour de vous ! Les émotions vous envahissent : tristesse, colère, impuissance, le sentiment de ne pas être à la hauteur. Comment l’annoncer aux proches ? Que diront les amis ?
A chaque téléphone avant une candidature votre cœur s’emballe. L’espoir devient plus grand quand vous pouvez envoyer votre dossier. Mais chaque passage à la boîte aux lettres, chaque ouverture d’emails déclenchent une anxiété souvent justifiée : « Nous sommes au regret de vous informer… surqualifié…d’autres candidats… nous vous souhaitons bonne chance… »
En tant que conseiller en outplacement, je vis régulièrement ce genre de situation avec mes clients. En octobre 2015, 36% des 132’050 chômeurs déclarés étaient âgés de plus de 45 ans. La situation ne peut pas être ignorée et elle est aussi difficile du côté des recruteurs. Une lettre de refus enjolivée reste tout de même un refus. Alors comment pourriez-vous, chers recruteurs, malgré les contraintes de temps et d’atteintes d’objectifs, envoyer une lettre de refus utile ? Un dossier de candidature pourrait-il être perçu sous un autre angle? Je me permets de partager quelques astuces avec vous :
- Soyez clairs, même lors d’une demande par téléphone. S’il y a un âge maximal pour le poste, dites-le : cela évitera au candidat de gaspiller du temps et de l’énergie en envoyant son dossier inutilement.
- Rendez les candidats attentifs à leurs points forts : en tant que professionnels, vous verrez peut-être un autre côté exploitable dans le CV du candidat. Faites- lui en part, cela peut vraiment lui rendre service.
- Soyez ouverts : les chercheurs d’emploi de plus 50 ans ne recherchent pas tous un poste de cadre et un salaire exorbitant. Nombreux sont ceux qui souhaitent tout simplement continuer à travailler et s’en contentent très bien.
- Soyez courageux : pour changer, proposez un dossier non-conforme à la norme.
Je suis conscient qu’à partir d’un certain nombre de candidatures une procédure standard avec des lettres de refus « standardisées » est efficace, et qu’il existe des directives dans le domaine du recrutement. Néanmoins, c’est le devoir de chaque individu de sortir des sentiers battus.
Comment vivez-vous cela ? Vos expériences m’intéressent !
Sandro Pisaneschi est le propriétaire de beratungsbuffet.ch. Il accompagne les personnes en situation de changement et s’occupe des outplacements pour les personnes au-dessus de50 ans. Il conseille les personnes exerçant des fonctions de direction ainsi que les sociétés dans les domaines du Développement de l’organisation et du personnel.