Découvrez régulièrement sur notre blog des articles écrits par des spécialistes et experts du monde des Ressources Humaines. Nous avons à coeur de donner à ces auteurs une totale liberté totale tant sur le choix des sujets que sur l’angle d’analyse. Découvrez ci-dessous l’article rédigé par Christoph Jordi, fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise.
Suite à ces deux premiers entretiens d’embauche, Julie fait le bilan de ses candidatures. Elle a eu deux entretiens forts intéressants, et attend des nouvelles de trois autres entreprises. Soudain, son téléphone sonne : « Bonjour Julie, c’est Susanna du Groupe Reifel. Vous nous avez envoyé votre candidature lundi. Auriez-vous du temps mardi prochain pour que nous nous rencontrions ? » Julie accepte.
Mardi arrive enfin, et Julie a hâte d’aller à son entretien chez Reifel. Elle n’avait qu’à passer, tout simplement, avait dit Susanna– pas de tenue de sport, ni d’équipement d’escalade – un entretien d’embauche normal. Julie se présente à l’accueil, prend place dans le hall d’entrée, et attend. Après un court instant, les portes de l’ascenseur s’ouvrent et une grande blonde rayonnante s’avance en direction de Julie. Cela doit être Susanna. Elle est accompagnée d’un jeune homme tout aussi rayonnant et, derrière eux, deux autres personnes les suivent. Julie est troublée. « Bonjour Julie, je suis Susanna et voici notre équipe Controlling : Maximilian, Anna-Luisa et Beni. ».
« Nous nous assurons que chacun reçoive son salaire tous les mois », dit Beni de manière désinvolte et avec un grand sourire. « Viens, on va s’installer au café en face. »
Une fois arrivés au café, tout le monde commande. Il n’y a pas de blocs notes, pas de brochures. Julie se sent plutôt comme une étudiante qui prend une pause-café, qu’une candidate en plein milieu d’un entretien d’embauche, et ça lui plaît.
Julie parle de sa passion pour l’escalade et de son penchant pour les activités en extérieur. Les autres l’écoutent et lui posent des questions. Mais ils n’ont pas vraiment l’air de partager ses passions. Puis, Benji dit : « Sache que nous cherchons une co-équipière. Cela fait déjà deux ans que nous travaillons ensemble et nous avons besoin de quelqu’un qui nous suit à fond ! »
« Eh bien, en tout cas je suis motivée à fond », répond Julie. Cela semble être le mot-clé pour Anna-Luisa. « Pause cigarette ! » s’exclame-t-elle, et toute l’équipe du Controlling se lève d’un seul mouvement. « Tu fumes ? » demande Susanna, qui est restée assise. Julie lui dit que non et Susanna lui répond : « Pas de problème ! Du coup nous pouvons discuter de quelques sujets formels. » Julie sourit, mais elle a l’impression que tôt ou tard cela pourrait devenir un « problème ».
Lorsque les fumeurs reviennent, Anna-Luisa énumère les tâches principales au bureau. Outre de nombreuses tâches administratives, il y a également beaucoup de projets individuels qui plaisent beaucoup à Julie. Peu après, Benji paie l’addition et Susanna déclare que l’entretien d’embauche est terminé. Ils conviennent que Julie donnerait des nouvelles dans les prochaines 48 heures.
Bien entendu, Julie commence à faire le point en rentrant chez elle. Les membres de l’équipe sont tous très sympathiques. Le travail correspond également à ses attentes. Elle aurait même la possibilité d’aménager librement son temps de travail, ce qui est nouveau pour elle. Et pourtant… maintenant qu’elle a rencontré toute l’équipe et a assisté à leurs habitudes quotidiennes, elle est certaine de son choix : elle va dire non. Même si elle apprécie les quatre membres de l’équipe, elle ne se sent pas vraiment à sa place parmi eux.
Lors d’un entretien d’embauche, on est souvent interviewé par une personne avec qui l’on n’aura pas de contact au quotidien. Pourtant, toutes les entreprises cherchent des collaborateurs qui seront bien intégrés dans leurs équipes ; de ce fait il peut être très utile d’intégrer l’environnement de travail prévu dans l’entretien d’embauche. Cela permet aux deux parties de se rendre compte s’il y a compatibilité ou pas. Malheureusement, le cas de Julie s’est soldé par un refus de la part de la candidate. Néanmoins, ce type de rencontre peut faciliter les décisions et épargner aux deux parties des différends inévitables.
Christoph Jordi est fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». DoD!fferent propose des conseils stratégiques et met l’accent sur la marque employeur. Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise, où il s’occupe de la formation Cert. Employer Branding.