Découvrez régulièrement sur notre blog des articles écrits par des spécialistes et experts du monde des Ressources Humaines. Nous avons à coeur de donner à ces auteurs une totale liberté totale tant sur le choix des sujets que sur l’angle d’analyse. Découvrez ci-dessous l’article rédigé par Christoph Jordi, fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise.
Julie est contente : c’est vendredi, c’est donc son jour de Home Office. Après un déjeuner au calme, elle s’installe à son bureau et ouvre Talior, le logiciel de comptabilité. Une fois Talior chargé et sa session ouverte, la sonnette retentit.
« Parfois je maudis ce Home Office. Au moins au bureau, il n’y a pas de sonnettes pour nous agacer », ronchonne-t-elle, en se dirigeant lourdement vers la porte d’entrée. En ouvrant, elle a une impression de déjà-vu : exactement comme 14 mois plus tôt, un jeune homme se tient dans l’encadrement de la porte, un splendide bouquet de fleurs – bleues pour la plupart – à la main. Elle le remercie et cherche la carte qui l’accompagne.
Chère Julie,
Il est d’usage chez nous d’apporter les bonnes nouvelles avec un bouquet de fleurs et nous ne voyons aucune raison de changer la tradition.
Nous sommes ravis de te proposer une promotion au rang de cheffe adjointe du département des finances. Jusque-là, c’est Sonia qui occupait cette fonction. Elle désire toutefois réduire son taux d’activité et continuer de travailler à 40%. Sonia reste évidemment dans l’équipe et est prête à t’apporter son soutien dans tes nouvelles tâches à tout moment.
Sonia et moi t’attendons lundi à 8h dans mon bureau pour discuter de la suite.
Avec mes meilleures salutations,
Alina
Une offre d’emploi avec un bouquet de fleurs : c’est décidément du déjà-vu. Et une promotion au rang de cheffe adjointe du département des finances après seulement 14 mois ? Julie repense à ses débuts parfois chaotiques chez Bentex. Si quelqu’un lui avait annoncé à cette époque qu’elle occuperait une position de cadre 14 mois plus tard, elle aurait éclaté de rire. Pleine d’excitation, elle tape un numéro sur son natel. « Jonas, j’ai de nouveau reçu des fleurs », annonce-t-elle à son mari.
Après un week-end décontracté, Julie se rend à l’heure à son rendez-vous avec Alina et Sonia, le lundi matin. « Bonjour », salue-t-elle celles qui sont encore ses cheffes, avant de s’asseoir. « Alors, qu’en penses-tu, Julie ? Tu acceptes ? », demande Alina, sans détours comme à son habitude. « Et comment ! », répond-elle, enthousiaste. Les trois femmes scellent leur accord d’une poignée de mains. Après avoir parcouru ensemble le nouveau contrat et les nouvelles planifications, Sonia prend la parole : « Julie, j’ai déjà une première tâche pour toi. » « Haha, maintenant que je ne peux plus reculer, tu lâches la bombe », plaisante Julie, en feignant l’agacement. « Ne t’inquiètes pas, ce n’est rien de grave, répond Sonia, avant de continuer. Nous avons besoin d’un nouvel employé qui couvrirait mes 60% manquants. J’ai déjà publié l’annonce d’offre d’emploi, mais je trouverais logique que tu te charges des entretiens, vu qu’en tant que cheffe tu te chargeras aussi de la formation interne. C’est Alina qui t’avait fait passer ton entretien d’embauche, mais nous pensons que tu le feras tout aussi bien. » Julie acquiesce en souriant. « Après mon marathon d’entretiens, je devrais directement travailler aux RH. »
Deux jours plus tard, Julie mène déjà son premier entretien. Le candidat s’appelle Ajit Budjurindi, a 38 ans, est marié et a deux enfants. Julie ne se rappelle encore que trop bien de ses propres aventures en tant que candidate. Elle se souvient de la doctoresse Jolanda et de son attaque aux rayons X. Aujourd’hui, cet incident est devenu une histoire drôle, mais sur le moment, elle n’avait pas du tout ri. Julie ne mènerait jamais un entretien de cette façon. Elle préférerait prendre exemple sur le charmant Thomas Mosbacher. Ses beaux cheveux n’étaient pas l’unique raison de son bon souvenir. Il avait beaucoup impressionné Julie avec sa visite virtuelle de l’entreprise et son jeu de cartes. Julie garde aussi un bon souvenir d’Alina. Elle lui avait fait très bonne impression, même sans cartes et sans visite de Meerkat. Cependant, Julie a immédiatement acheté en ligne le jeu de cartes de Thomas Mosbacher quand elle a appris que les entretiens d’embauche feraient partie de son travail. Elle y avait tout simplement pris trop de plaisir pour laisser passer l’occasion.
Ajit Budjurindi est impressionnant : il parle couramment cinq langues, possède un diplôme universitaire en économie et a un très bon sens de l’humour. Julie aurait aimé l’engager tout de suite, mais sa première action en tant que cheffe devrait être planifiée et réfléchie, non impulsive et précipitée. C’est pourquoi elle explique honnêtement à Ajit qu’elle doit encore recevoir trois autres candidats et qu’elle prendra une décision après.
Après les trois autres entretiens, Julie n’a pas changé d’avis. Ajit est l’heureux élu et il a reçu de la part de Julie une grande boîte de chocolats – livrée à domicile, évidemment. A présent, Julie voit le processus de candidature d’un autre œil. Pendant les quelques semaines qui précèdent l’arrivée d’Ajit, Julie prend le temps de mettre de l’ordre. Elle délègue, optimise et surtout planifie, pour accueillir son nouveau protégé de la meilleure façon qui soit. Elle ne veut pas se retrouver dans la même situation que Sonia à l’époque, quand elle devait choisir entre accomplir son propre travail ou aider le « nouveau ». C’est toujours la même personne qui en pâtit. Le but de Julie est de permettre à Ajit de commencer son nouveau travail de façon optimale pour qu’il ne quitte plus jamais le Paradis des chiffres.
Enfin arrive le jour où Ajit commence chez Bentex. Julie trépigne d’impatience. A-t-elle pensé à tout ? Tout est-il bien préparé ? Elle regarde autour d’elle et voit un poste de travail en ordre, un nouvel ordinateur portable et même une petite attention sur le clavier. « La boucle est bouclée », pense Julie, en attendant d’accueillir son nouveau collaborateur.
Les nombreuses expériences de Julie en tant que candidate puis en tant que nouvelle collaboratrice l’ont aidée à se mettre du candidat ou du « nouveau ». Ce changement de point de vue lui permet de mieux anticiper ses besoins et ses difficultés. Ainsi, elle peut se préparer à l’avance à son rôle de référent et répondre de façon adéquate aux besoins du nouvel employé.
A présent, la boucle est bouclée et l’histoire de Julie Martin s’achève. Personne ne s’attend à un « elle vécut heureuse jusqu’à la fin de ses jours ». D’ailleurs, ce serait bien trop ennuyant pour Julie. Malgré tout, elle reste toutefois fidèle à Bentex. Pour l’instant. Peut-être avez-vous déjà reconnu votre Julie dans votre entreprise ? Si c’est le cas, offrez-lui un bouquet de fleurs avec le lien vers cette chronique. Cela lui fera plaisir.
Christoph Jordi est fondateur et CEO de DoD!fferent et auteur de la chronique fictionnelle mensuelle « Julie Martin ». DoD!fferent propose des conseils stratégiques et met l’accent sur la marque employeur. Christoph Jordi enseigne également à l’Institut suisse pour l’économie d’entreprise, où il s’occupe de la formation Cert. Employer Branding.